
Quête de vision : comment reconnecter à l’essentiel !
Trois jours seule en forêt : récit d’une quête intérieure
Pourquoi je retourne chaque été en forêt
Chaque été, je m’accorde quelques jours de solitude en pleine nature.
Pas de tente, pas de confort moderne, pas de distractions. Juste l’essentiel : un duvet, de l’eau, un carnet, un tire-tique et c’est tout.
Cette démarche s’inspire des quêtes de vision présentes dans plusieurs traditions chamaniques. Dans certaines cultures, les jeunes partent seuls, sans rien, pour traverser une étape initiatique. Ils en reviennent transformés.
Ma première expérience remonte à 2018, en Belgique. Quatre jours et quatre nuits. Les deux premiers jours avaient été idylliques : je ne m’étais jamais sentie autant « à la maison » qu’en forêt. Mais à partir du troisième jour, tout s’est compliqué. L’ennui et la colère ont pris le dessus. Je m’agaçais même contre le soleil, seul repère du temps, que je trouvais beaucoup trop lent à se déplacer. Les journées et les nuits semblaient interminables.
Un choix s’est alors imposé : continuer à nourrir la colère, ou accepter la situation.
J’ai choisi l’acceptation. Et ce lâcher-prise a ouvert sur un apaisement inédit. Depuis, ces retraites sont devenues un rendez-vous annuel incontournable avec moi-même, loin du brouhaha ambiant.
Mon spot cet été !
Vivre au rythme du vivant
Depuis deux ans, je ne pars plus très loin. Cet été, j’ai choisi une hêtraie à quelques kilomètres de chez moi.
Pour ne pas laisser ma voiture trois jours en bord de route (ça attire vite l’attention, par chez nous 😉 ), j’ai pris mon vélo, sac sur le dos, jusqu’au lieu repéré.
Sans montre, sans téléphone, sans agenda, j’ai glissé incognito dans la forêt. La notion du temps telle qu’on la connaît a vite disparu, remplacée par le rythme de la nature qui s’est vite imposé : chant des oiseaux matinal, changement de température, frémissements du soir, avec le réveil de la faune nocturne.
Un écureuil m’a tenue compagnie. Le premier jour, il se méfiait encore. Le lendemain, il m’avait déjà oubliée. Petit à petit, j’ai eu la sensation que l’odeur de la forêt masquait la mienne.
Le jour, mon système nerveux s’apaisait. La nuit, c’était autre chose : chaque craquement, chaque course d’animal déclenchait une vigilance instinctive. Sur le Plateau de Millevaches, où les loups reviennent s’installer, certains bruits prennent une toute autre résonance.
Quand l’inaction laisse place au silence intérieur
Durant ces séjours, je ne mange pas. Je bois simplement de l’eau. Le jeûne ajoute au dépouillement : pas de repas à prévoir, pas de casse-croûte pour occuper les journées. Le corps ralentit, l’esprit aussi.
Chaque expérience est différente. Cette fois-ci, je n’étais pas partie pour « trouver une vision » ni pour aller dans le dur. J’avais besoin d’un temps ressourçant, doux, presque cocooning. Manquant de temps pour lire dans ma vie quotidienne, je me suis donc offert le luxe d’emporter un petit roman, histoire de m’évader. Bon, pour ne pas trop tricher, je n’ai pas choisi un pavé de 1500 pages. L’essentiel de ces 72 heures, c’était quand même le vide. Alors, que faire de tout ce temps « libre » ?
D’abord, observer. La lumière, les formes des troncs, les sons. Chaque détail devient matière à contemplation. Puis, forcément, le mental s’emballe : il trie, ressasse, comme s’il voulait classer tous les dossiers en attente. C’est impressionnant de le voir tourner à ce point.
Puis, à un moment, le calme. Un vrai silence intérieur. Une forme de plénitude.
Quand les émotions jaillissent et se libèrent
Je n’avais pas cherché à enclencher un processus de transformation. Mais il s’est mis en route malgré moi, le dernier jour.
Après la quiétude, des émotions sont arrivées par surprise. Les larmes, la colère, la rage. Brutes. Inattendues. Un pas de plus vers la guérison de mon rapport au masculin, sujet de l’année. Que c’était bon de sentir cette libération se faire toute seule, sans l’avoir cherchée. Juste accueillir ce flot émotionnel et laisser mon corps retrouver un nouvel équilibre. Avec la sensation d’être revenue dans mon axe. Plus alignée, et remplie d’énergie.
Ce que ces expériences m’apprennent vraiment
Trois jours seule en forêt, ça secoue. Ça oblige à traverser l’ennui, à écouter le mental quand il s’emballe, à dépasser ses peurs, à accueillir ce qui remonte sans prévenir.
Mais ça offre aussi un espace unique pour se réaligner, se libérer et retrouver l’essentiel.
Ces retraites ne sont pas « faciles ». Elles ne sont pas toujours agréables. Pourtant, elles sont devenues pour moi incontournables. Parce qu’elles me transforment à chaque fois. Parce qu’aucune autre expérience ne m’apporte ça. Parce que je sens que les graines semées durant ces 3 jours vont infuser et éclore tout au long de l’année.
Et vous ?
Et vous, avez-vous déjà pris le temps de vous isoler, ne serait-ce qu’une heure, une journée, loin de vos repères habituels et des écrans ? Pas forcément trois jours en forêt, mais un moment pour couper, ralentir, vous retrouver avec vous-même.
Ces séjours en forêt m’enseignent que le silence, le corps et les émotions sont étroitement liés. Que nous faisons partie de la nature, bien plus grande que nous, même si nous l’oublions parfois. Et c’est aussi ce que j’aime transmettre dans mes accompagnements, à travers la sophrologie, l’accompagnement psycho-émotionnel ou les chants sacrés du monde.
Des chemins différents, mais qui ont en commun cette recherche de reconnexion à soi en tant qu’humain au sein du vivant.